
"En tant qu'icône de la culture populaire américaine, les quelques rivaux de Marilyn Monroe en termes de popularité sont Elvis Presley et Mickey Mouse..."
60 ans après sa mystérieuse disparition, son nom reste sur toutes les lèvres, comme un grand cru de l’ère hollywoodienne. Ce nom emblématique, parfois même son seul prénom, qui n’est pourtant pas le sien au départ, continue de marquer les esprits. Née à la fin des années folles, l’orpheline Norma Jeane Mortenson devient cette beauté vénustée aux cheveux flaves posant en pin-up. Telle une chenille se métamorphosant en un majestueux papillon, son talent devant une caméra se fait vite repérer par les photographes et producteurs. À 27 ans seulement, Marilyn est la plus remarquable et remarquée des stars de la ville des anges avec des rôles qui la propulseront au titre de sex-symbol planétaire ou dresseront d’elle le portrait du stéréotype de la “ blonde éthérée”. Le glamour du Hollywood de l’après-guerre créera à jamais l’image de la plus divine des divines. Pourtant elle ne sera jamais mise sur le devant de la scène pour son travail acharné afin de devenir la meilleure actrice. Car tout le paradoxe repose sur le fait que Marilyn, qui avait fait des études d’art et de littérature, n’a eu de cesse de ne pas vouloir se cantonner au rôle que tous voulaient lui réserver de sex-symbol, s’entourant pour cela de brillants professeurs, investissant ses capacités de comédienne, du comique au dramatique, en intervenant même directement dans les dialogues pour relever le niveau des personnages incarnés ou le choix des scénarios qu’elle ne voulait pas uniquement guidés par ses attraits physiques. Le célèbre réalisateur John Huston lui dira même : «Tu seras une actrice remarquable ».

“Joyeux anniversaire, Monsieur le Président”
Mais sa quête du merveilleux se heurtera inlassablement au mépris que le monde du « walk of fame » lui opposera, jusqu’à en faire l’actrice la moins bien payée des stars du Hollywood de cette époque, malgré sa notoriété éclatante. Des blockbusters aux couvertures de Playboy, tous les projecteurs sont tournés vers ce petit bout de femme qui a su charmer les plus grands de ce monde. Un premier mariage lorsqu’elle a 16 ans avec James Dougherty, qu’elle surnommera “Daddy”, qui figura comme la figure paternelle qu’elle n’eut jamais; un second mariage au bras du champion de baseball du moment adulé par l’Amérique, Joe DiMaggio, dont elle finira par se lasser au bout de 9 petits mois; comme l’expression “jamais deux sans trois”, son dernier mariage se fera auprès de l’écrivain de renom Arthur Miller qui lui voue une fascination démesurée : des mariages qui lui donneront cette réputation de relations amoureuses tumultueuses. Nonobstant, ils ne furent pas les seuls à convoiter le diamant de la saison : les frères Kennedy, Robert et John, entraient alors dans l’histoire, au-delà de leurs seules carrières politiques respectives.
Le 19 mai 1962, lors d’une collecte de fonds et de la célébration du 45e anniversaire du président John F. Kennedy, Marilyn Monroe se faufile sur la scène du Madison Square Garden, enlève son manteau de fourrure glamour pour révéler une robe moulante incrustée de strass et s’avance vers le micro. “Joyeux anniversaire, Monsieur le Président”, chanta-t-elle de sa voix sulfureuse. Un moment resté culte. Si le public ne croyait pas déjà que le sex-symbol hollywoodien et le commandant en chef étaient des amants secrets, la performance sexy de Monroe allait faire d’eux les sujets d’intenses spéculations pour les décennies à venir, et donner lieu à d’incessants reportages de tabloïds. Si les phares étaient tournés vers JFK, son frère Robert, à l’époque Procureur Général des États-Unis, a lui aussi eu son lot de rumeurs et de bruits courants sur une possible relation avec la star. Une star qui inspira des générations entières.

Selon le Guide de la culture populaire des États-Unis, “en tant qu’icône de la culture populaire américaine, les quelques rivaux de Monroe en termes de popularité sont Elvis Presley et Mickey Mouse… aucune autre star n’a jamais inspiré un tel éventail d’émotions – de la luxure à la pitié, de l’envie au remords.” Elle a fait l’objet de films et de pièces de théâtre, d’opéras et de chansons, de livres et de documentaires, et a influencé des artistes tels que Madonna et Andy Warhol. Et s’il fallait encore une preuve de cette attractivité intemporelle : la récente vente record du Marilyn de Warhol, devenue par là même, l’œuvre la plus chère du XXe siècle. Mais malgré sa célébrité, Marilyn restera une femme profondément malheureuse. Son enfance troublée et une série de mariages sans vraies rencontres contribuèrent au déclin de sa santé mentale. Sa mort en août 1962, qualifiée en suicide, a révélé au public à quel point elle se sentait seule. L’histoire de cette icône américaine n’est pas seulement tragique, mais elle rappelle que les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être. L’affichage du visage heureux, et même rayonnant, l’amour débordant de millions de fans, n’étaient que la façade d’une personnalité plus complexe, au destin tout aussi exceptionnel que ses drames. Une disparition que certains jugent étrange, suicide accidentel peut-être ou même acte criminel ? La spéculation selon laquelle Monroe aurait été assassinée a d’abord attiré l’attention du grand public avec la publication de “Marilyn : A Biography de Norman Maile” en 1973. Dans les années suivantes, elle est devenue suffisamment répandue pour que le procureur du comté de Los Angeles, John Van de Kamp, mène une “enquête préliminaire” en 1982 afin de déterminer si une enquête criminelle devait être ouverte. Rien de significatif n’y fut découvert. Mais le documentaire Netflix “The Mystery of Marilyn Monroe: The Unheard Tapes”, sorti en 2022, refait planer le doute.
Il n’est pas encore temps d’ordonner le clap de fin de cette étoile unique en son genre : le sera-t-il d’ailleurs un jour ? De celle qui disait s’habiller pour accompagner ses nuits de quelques gouttes du célèbre n°5 de Chanel, il reste encore et toujours 60 ans après sa mort la mémoire du souffle mythique de cette voix à nulle autre pareille, et cette présence cinématographique si voluptueuse.

