Caritatif

L’HOMME QUI FAIT DU BIEN : ALEXANDRE MARS

Depuis l'âge de 17 ans, il a consacré sa vie à créer des entreprises pour les revendre, dans l'unique but d'accumuler suffisamment de moyens pour accomplir sa destinée. Alexandre Mars est aujourd'hui le CEO d'Epic, sa fondation créée pour aider les plus vulnérables.

Au cours des 15 dernières années, il a créé et vendu plusieurs entreprises en Europe et en Amérique du Nord dans des secteurs d’activité aussi variés que le capital risque, l’Internet, le marketing mobile, le social media et la publicité. Ses deux dernières startups, Phonevalley (n°1 mondial des agences de marketing mobile) et ScrOOn (un des leaders des solutions de marketing dans les réseaux sociaux) ont été vendues respectivement au Groupe Publicis et à BlackBerry.
En 2014, il fonde Epic, une startup à but non lucratif qui apporte des solutions aux entreprises et aux particuliers pour que le don devienne la norme. Il promeut ainsi une approche stratégique de la philanthropie, qui permet de soutenir financièrement des organisations sociales à fort impact luttant contre les inégalités qui affectent l’enfance et les jeunes adultes dans le monde. Epic a son siège à New York et elle est présente à Bangkok, Bruxelles, Londres, Mumbai, Paris et San Francisco. En 2014, Alexandre fonde aussi blisce/, son Family Office qui investit dans des fonds de capital-risque et des startups comme Spotify, Pinterest et Blablacar. En 2015, Alexandre a été nommé dans le Top 20 under 40 philanthropes par le New York Observer.

PREMIUM : Vous avez créé plusieurs startups avant de fonder Epic, était-ce un parcours obligé avant d’arriver à votre but ultime ?
Alexandre Mars : Depuis mes années de lycée, je savais que je voulais dédier ma vie aux autres et aider ceux qui n’ont pas eu la même chance que moi. L’altruisme de ma mère y est pour beaucoup. Elle m’a inculqué l’importance d’aider les autres. J’ai donc grandi avec cette vision et cet engagement qui ne m’ont jamais quittés depuis. Mais j’étais conscient que, pour y arriver, il me fallait les moyens de mes ambitions. Je n’avais pas forcément les talents d’un athlète de haut niveau, d’un acteur destiné à la célébrité ou d’un musicien de renom, mais j’avais un penchant inné pour l’entrepreneuriat. C’est ainsi que j’ai créé ma première entreprise à 17 ans alors que j’étais au lycée. L’argent que j’ai gagné à travers cette première expérience, en l’occurrence en organisant des concerts, m’a permis d’acheter mes premiers ordinateurs et de débuter ma carrière dans la technologie. Mais qu’on soit bien d’accord : je n’ai jamais perdu de vue ma mission principale. Toutes ces entreprises que j’ai créées ont été un moyen à une fin.
Je ne cache pas que cela m’a pris plus de temps que prévu. Avec Epic, j’ai pu enfin mettre mes compétences et ma vision d’entrepreneur au service des plus vulnérables. Concrètement, nous trouvons, sélectionnons, suivons et soutenons des organisations sociales à très fort impact en utilisant une méthodologie exigeante pour changer la vie des enfants et des jeunes défavorisés à travers le monde. Depuis sa création, Epic a levé près de 28 millions de dollars.

PREMIUM : Vous sentez-vous “ investi “ d’une mission ? Que votre destin était écrit ?
A. M. : Je me suis toujours senti investi par cette mission d’aider les autres, mais que le destin n’était pas écrit. Comme tout le monde, j’ai forgé mon propre destin en choisissant de manière éclairée la voie de l’entrepreneuriat car je savais qu’il me fallait des ressources financières conséquentes pour mener à bien mes objectifs. Il n’y a jamais eu un seul événement déclencheur où j’ai pensé ” Ça y est, maintenant je sais ce que je veux faire de ma vie et comment le faire “. Il n’y a jamais eu de moment eurêka. J’ai été élevé dans un environnement familial qui a façonné ce que je deviendrais un jour et les luttes que je viendrais à mener. C’est grâce à mon éducation personnelle, aux rencontres avec des personnes qui luttent pour la justice sociale jour après jour, ainsi qu’aux conversations avec les personnes les plus vulnérables que je me lève chaque matin pour contribuer, autant que possible, à un monde plus juste.

PREMIUM : Aujourd’hui, avez-vous l’impression d’avoir fait bouger les choses dans le domaine de la philanthropie ?
A. M. : Nous avons eu un impact important, sans aucun doute. Par exemple, en 2019, ce ne sont pas moins de 19 millions d’enfants et jeunes vulnérables qui ont été soutenus par les organisations du portefeuille Epic. Grâce à notre approche basée sur les données et nos résultats, Epic a su s’imposer comme un acteur légitime et innovant dans le secteur. Je me réjouis de voir l’adoption de plus en plus généralisée de notre méthodologie, nos solutions et nos bonnes pratiques. À titre d’exemple : le principe des dons non fléchés (qui s’avère d’autant plus crucial pendant la crise du Covid), qui est très important pour le bon fonctionnement des organisations sociales qui sont les mieux placées pour savoir comment allouer leurs ressources. Par ailleurs, en 2019, la prestigieuse université d’Harvard a publié un cas sur Epic soulignant ainsi la singularité de l’organisation et montrant à quel point notre modèle peut être un exemple pour inspirer d’autres acteurs du secteur. Nous prônons une philanthropie stratégique qui d’un côté s’attaque à la racine des problèmes en soutenant des organisations sociales à un moment clef de leur développement, et de l’autre côté qui apporte plus de confiance, de traçabilité et de transparence pour les donateurs qui soutiendront ces organisations sociales. Mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Dépoussiérer et démocratiser la philanthropie est un effort de longue haleine.

PREMIUM : À l’image du petit garçon dans le film ” Un monde meilleur ” qui a l’idée d’aider 3 personnes qui à leur tour devront passer le relais à 3 autres et ainsi de suite, avez-vous également une solution qui, appliquée à tous, permettrait qu’il y ait moins d’injustice ?
A. M. : Plus de solidarité et de partage. Mais la solidarité de l’un ne ressemblera pas forcément à celle d’un autre. Cette solidarité cruciale est protéiforme et s’adapte à toutes les situations et modèles économiques.
Avec la crise de la Covid nous avons vu un déferlement d’initiatives positives pour répondre à des besoins urgents. La prochaine étape est donc de transformer cette solidarité en une pratique durable. Pour nous, consommateurs et citoyens, cela veut dire faire des choix qui sont alignés avec nos valeurs personnelles. Quand nous agissons ensemble, l’effet boule de neige est énorme. La carte bleue est devenue notre nouveau bulletin de vote : on peut choisir d’acheter via l’application Too Good To Go, qui lutte contre le gaspillage alimentaire. Ou alors nous pouvons opter pour nos commerces de proximité plutôt que d’acheter sur Amazon.
Cette vague de solidarité grandissante et cette prise de conscience générale me rendent optimiste. Il suffit de connecter cette bonne volonté avec des solutions adaptées pour mieux distribuer nos ressources collectives et répondre aux défis qui s’imposent à nous.

PREMIUM : Comment voyez-vous le monde de demain ? Y aura-t-il une révolution positive ?
A. M. : Selon moi, le monde de demain sera la continuation (et l’accélération) des tendances positives qu’on voit émerger depuis quelques années déjà : un appétit et un besoin pour plus de solidarité et pour une société plus juste. Et encore mieux : une réalisation que chacun peut, à son échelle, avoir un impact au quotidien.
La solidarité – qu’elle vienne des entreprises, des grandes fortunes ou des consommateurs – n’est pas un phénomène nouveau. Elle n’est pas née avec la crise de la Covid-19. Depuis un moment déjà, une évolution importante de notre société est en cours. Face aux injustices qu’on voit au quotidien, nous sommes de plus en plus nombreux à agir pour une société plus juste, pour un monde où les richesses sont mieux partagées. Nous – citoyens, consommateurs et employés – exigeons que les entreprises fassent partie de la solution, plutôt que du problème. Nous acceptons de moins en moins de travailler pour ou consommer des marques qui ne partagent pas des valeurs essentielles à notre survie : le partage, l’entraide et la solidarité.

PREMIUM : En dehors de cette œuvre, est-ce que vous avez d’autres projets dans des univers différents ?
A. M. : En plus de mon activité avec Epic, je dirige également blisce/, mon fonds d’investissement qui soutient des entrepreneurs engagés ou qui tendent à l’être. Nous œuvrons pour une finance plus positive qui montre que la performance et l’impact social peuvent aller de pair, comme le démontre notre tout dernier investissement dans Too Good To Go, le leader mondial dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Je suis également membre du conseil d’administration et ambassadeur des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Nous travaillons ensemble sur les différentes façons de réinventer le modèle de ces jeux compte tenu des urgences et des défis auxquels notre société doit faire face. Et ceci dans un seul objectif : être fidèle à notre engagement depuis le départ, à savoir des Jeux responsables, durables, solidaires, et ouverts à la participation de tous.
J’anime aussi deux podcasts où j’ai la chance d’échanger avec des personnes qui ont des histoires incroyables. Dans le premier, « OSE ! », je reçois un ou une entrepreneur.e, par exemple la cofondatrice de Too Good To Go, Lucie Basch ou l’artisan-entrepreneur Éric Kayser, pour qu’ils nous entraînent dans les coulisses de leur aventure et livrent leurs secrets de réussite mais aussi leurs échecs. Dans « Contre toute attente », je pars à la rencontre de personnalités aux parcours atypiques, tels que Kad Merad ou Fleur Pellerin, qui ont réussi à déjouer les statistiques pour grimper les échelons dans leur domaine. C’est un vrai plaisir pour moi et, je l’espère, une véritable inspiration pour les auditeurs.

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