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L’ARCHANGE

Mondialement connu pour avoir effectué le premier tour du monde en avion solaire, Bertrand Piccard est un explorateur de cœur et de sang, dans la pure lignée de ses père et grand-père. Scientifique et aventurier conscient, il œuvre pour un monde meilleur et plus propre. Echange avec ce ‘savanturier’ inspirant.

L’expression “la pomme ne tombe jamais loin du pommier” a rarement autant vibré. Fils de l’océanographe Jacques Piccard, détenteur du record mondial de plongée en sous-marin et petit-fils d’Auguste Piccard, premier à atteindre la stratosphère à bord d’un ballon, l’aventure avait de grandes chances de couler dans ses veines. Médecin psychiatre de formation, c’est en assistant aux décollages des fusées Saturn V transportant vers la Lune les premiers astronautes, lorsqu’il résidait en Floride, que cette vocation se révèle à lui. Passionné par le ciel, ce suisse devient rapidement un pionnier du vol libre et ULM en Europe. Mais sa notoriété éclatera au grand jour lorsque, en 1999, il parvient à boucler le premier tour du monde en ballon après plus de 19 jours de vol et 45 000 kilomètres sans escales. C’était son troisième essai. Toujours dans cette quête d’aventures humaines et scientifiques, il entreprend le projet ambitieux de réaliser le premier tour du monde en avion solaire, qu’il accomplira à bord du Solar Impulse en 2011. Au travers de tous ses exploits, on a plaisir à découvrir un homme qui rêve encore et qui croit en l’avenir. Qui a envie de faire les choses, des choses justes, pour l’homme et le monde, et qui donne envie. Dans cet esprit de pionnier qui le caractérise, le changement n’est pas infranchissable, il est même salutaire.

PREMIUM : J’ai pu voir sur votre site internet que vous vous définissez également comme un savanturier et j’ai trouvé le mot très sympa, très équivoque. De votre côté c’est quoi un savanturier? Est-ce un rêveur terre-à-terre au final ?
Bertrand Piccard : C’est de l’aventure scientifique, c’est de l’exploration. C’est l’exploit avec une utilité pour les autres.

PREMIUM : Cette utilité dont vous parlez, nous avons pu la constater. Tous les exploits que vous avez faits, les principaux, que ce soit en ballon ou en engin volant écologique, il y a toujours eu une certaine conscience à ce niveau-ci, un parti pris. Est-ce que cela a toujours été voulu, même depuis votre tour du monde en ballon, ou est-ce que ce sont ces explorations qui vous ont fait prendre conscience de la nécessité de prendre soin de la planète ?
B. P. : Non ça a été voulu. Dès le départ je dirais, depuis 3 générations, quand mon grand père est monté dans la stratosphère. C’était le premier vol stratosphérique en 1931. Un de ses buts était de montrer que si on venait très haut, au dessus du mauvais temps, dans de l’air raréfié, on pourrait voler avec moins de consommation de carburant et on volerait de manière plus propre. Et puis quand mon père a plongé dans la fosse des Mariannes* (*fosse océanique la plus profonde actuellement connue et est endroit le plus profond de la croûte terrestre) il y a 60 ans, à 11 000 m de profondeur, son but était de prouver qu’il y avait de la vie à ces profondeurs-là, à une époque où les gouvernements voulaient jeter des déchets radioactifs dans les fosses marines ; et les décharges de radioactifs dans l’océan ont été interdites. Donc moi j’ai toujours été élevé dans cette vision que l’exploration et l’aventure scientifique doivent être utiles pour la protection de l’environnement et pour la qualité de vie. C’est dans cet esprit-là que j’ai mené toutes mes activités, le tour du monde en ballon poussé par le vent sans moteur et puis finalement Solar Impulse, qui était le condensé de toutes les technologies propres, les énergies renouvelables les plus modernes, pour montrer qu’on peut accomplir des choses absolument impossibles a priori, mais de manière totalement propre.

PREMIUM : Justement par rapport à ce tour du monde, vous avez dû voir la planète d’une certaine manière ; est-ce qu’il y a un moment où vous étiez à bord de cet avion et où vous vous êtes dit qu’il y avait un changement environnemental et climatique?
B. P. : On ne voit pas forcément des changements climatiques facilement quand on vole, mais par contre ce qu’on perçoit c’est une perturbation de toutes les statistiques météorologiques. C’est-à-dire qu’en fait, le climat devient imprévisible. Autrefois, il y avait des grands schémas qui se répétaient en fonction des saisons, avec les températures, les directions des vents, les équilibres de pression, etc. Et aujourd’hui plus du tout. Aujourd’hui, vous pouvez avoir de la neige au mois de juin et vous pouvez avoir 30 degrés en décembre, et les vents vont aussi dans des directions qui sont aussi imprévisibles. Mais par contre il y a des choses qu’on ne voit pas forcément directement liées au changement climatique, mais qui sont liées à l’aberration des Hommes. Je me rappelle avoir survolé avec solar impulse un pétrolier qui laissait derrière lui une immense traînée d’huile sur la mer, et là je me suis dit que c’est l’ancien monde et le nouveau monde qui se rencontrent.

PREMIUM : A ce propos, j’ai entendu dans une de vos conférences que lorsque vous étiez à bord de Solar impulse, vous vous êtes senti projeté dans le futur parce que vous étiez dans un avion qui normalement, statistiquement, pourrait voler non stop grâce à l’énergie solaire… mais qu’au final vous n’étiez pas dans le futur mais dans le monde actuel, avec les technologies actuelles, et que le reste du monde était lui à la traîne. Selon vous quels sont les motifs pour lesquels on reste encore bloqués ?
B. P. : C’est vrai, c’est exactement ce que j’ai dit, c’était le reste du monde qui était dans le passé, il faudrait absolument moderniser les vieilles technologies polluantes. On reste bloqué par habitude, par peur du changement, par inertie, par intérêt personnel à très court terme. Vous savez les gens n’aiment pas changer. A mon sens, il y a deux options à leur donner : soit une obligation de changer, et ça ce serait de la réglementation, soit un avantage personnel à changer, pour leur montrer que ce changement peut leur permettre de gagner plus d’argent ou que leur entreprise marchera mieux. C’est vraiment ce qu’on essaye de faire maintenant avec la fondation Solar Impulse ; c’est de montrer qu’il y a énormément de solutions qui peuvent être appliquées partout, dans le domaine de l’eau, de l’énergie, de la construction, de la mobilité, de l’agriculture, de l’industrie, et que ces solutions pour la plupart sont rentables, financièrement. Elles créent des emplois et en même temps elles protègent l’environnement, donc c’est ce changement de paradigme-là que j’essaye d’introduire avec toute mon équipe à la Fondation Solar Impulse.

PREMIUM : Comment parvenez-vous à faire comprendre aux industriels, aux financiers, que tout ce qui est écologique, environnemental, peut être aussi positivement économique ?
B. P. : Il y a des choses qui sont écologiques, qui sont très chères et non rentables, c’est vrai, ça existe aussi. Et puis il y a des tas de choses rentables qui détruisent l’environnement. Donc ce qu’il faut faire c’est regarder au milieu, tout ce qui est à la fois rentable et qui en même temps protège l’environnement. C’est là-dessus qu’il faut se focaliser. Si vous avez par exemple une maison qui est chauffée au mazout et bien c’est beaucoup plus rentable de mettre une pompe à chaleur, parce que c’est 4 fois plus efficient, et au prix actuel de l’énergie, c’est rentabilisé en quelques années. Si vous avez une maison mieux isolée ou que vous isolez le toit par exemple, ça va vous faire économiser de l’énergie également. Vous avez des tas de technologies aujourd’hui dans le smart green, dans l’économie d’électricité, dans les énergies renouvelables qui sont devenues tout à fait rentables… mais pas partout c’est vrai. Vous avez des endroits où c’est l’énergie éolienne qui va être rentable, et d’autres endroits en Europe où ce sera plus le solaire, puis d’autres où ce sera l’hydroélectricité ou la biomasse pour les régions plus agricoles, ou même la géothermie quand ce sont des zones sismiques. Tout cela aujourd’hui doit être développé. Mais conserver de vieilles technologies qui polluent, des maisons mal isolées, des moteurs à combustion, des chauffages au mazout, des ampoules à incandescence, tout ça c’est aberrant. Il faut absolument le changer.

PREMIUM : Est-ce que comme l’astrophysicien Aurélien Barrot, qui intervient aussi beaucoup sur ces éléments-là, vous pensez qu’il faut redéfinir le mot croissance ?
B. P. : On a actuellement une croissance qui est quantitative, on veut faire de l’argent en vendant de plus en plus de choses, et ça nous mène au désastre environnemental. Aujourd’hui, ce qu’il faut, c’est une croissance qualitative. C’est quand on gagne de l’argent et qu’on crée des emplois pour le bien de tous, en remplaçant ce qui pollue par ce qui protège l’environnement. Donc en fait, on n’a pas plus de choses qui sont meilleures. C’est ce qui permet une croissance économique, de payer des salaires, d’éviter le chômage, d’éviter cette décroissance que prônent certains écologistes et qui peut nous mener au chaos social.

PREMIUM : Vos initiatives sont nombreuses. Au travers l’Alliance Mondiale pour les Solutions Efficientes, vous êtes en quête de mille solutions pour sauver le monde. Moi je m’étais arrêtée à 245 labellisées…
B. P. : On est à 340 aujourd’hui. Il y a une vitesse de croisière fantastique, les gens commencent à comprendre ce que l’on fait, ils commencent à nous envoyer des solutions et je profite de l’interview pour dire au Luxembourg, à toutes les starts-up ou entreprises qui ont des bonnes solutions qu’elles peuvent nous en faire part ; on les analysera et on pourra les faire rentrer dans ce portfolio si elles sont labellisées.

PREMIUM : Pouvez-vous nous expliquer comment vous sélectionnez toutes ces solutions proposées?
B. P. : On choisit les solutions qui nous sont soumises, ou par des starts-up, ou par des entreprises moyennes, ou même des multinationales sur la base de trois critères. Il faut que la solution existe déjà, il ne faut pas que ce soit une idée pour le futur, mais quelque chose d’actuel et qui soit techniquement réalisable. Il faut ensuite que cela protège clairement l’environnement. Et le troisième critère, il faut que ce soit financièrement rentable. L’entreprise qui les fabrique, qui les vend, doit faire du profit et ça doit être également meilleur financièrement pour celui qui les achète. Et si les 3 critères sont réunis, la fondation Solar Impulse délivre le label ‘Solar Impulse Efficient Solution’ et la solution peut rentrer dans le portfolio. Ce label peut aider l’entrepreneur à trouver des investisseurs, des clients, et nous, ça nous aide à avoir des exemples concrets qu’on amène au gouvernement dans le but de moderniser les réglementations. Celles d’aujourd’hui permettent énormément d’éviter des pollutions simplement parce que l’on considère que les vieilles technologies démodées sont la norme. Alors que si le standard actuel devenait les technologies propres, les énergies renouvelables qui sont rentables, on pourrait dans ce cas moderniser les réglementations et économiser énormément de CO2, énormément d’énergie, et devenir beaucoup plus efficients, beaucoup plus propres.

PREMIUM : Est-ce que vous avez déjà des gouvernements qui jouent le jeu avec vous ? Qui sont ouverts ou à l’écoute de vos propositions ?
B. P. : On a des partenariats affiliés avec l’Ecosse, la Wallonie, le Luxembourg et avec la France.

PREMIUM : A l’heure actuelle, sur les 1000 solutions que vous cherchez, vous avez atteint un peu plus d’un tiers ; comment cela se fait qu’on en parle pas suffisamment ? Que tout ceci reste encore assez confidentiel ?
B. P. : Parce qu’il faut beaucoup de temps pour changer les habitudes. Vous avez tellement de gens qui pensent qu’on ne peut pas faire autrement que ce que l’on fait aujourd’hui. Il y a beaucoup de sceptiques, des gens qui disent que de toute façon il n’y a pas de changement climatique, et d’autres qui vous disent “de toute façon ce que l’on fait ne pollue pas” ou alors “ce que l’on fait est légal donc pourquoi on changerait” ? Il s’agit justement de faire entrer dans les mentalités le fait que, aujourd’hui, polluer coûte de plus en plus cher, en plus du fait que c’est dangereux pour l’humanité, et que protéger l’environnement est de plus en plus rentable. C’est un vrai changement d’état d’esprit qu’il faut introduire et quand vous avez des gens qui sont habitués à polluer en gagnant de l’argent depuis très longtemps, c’est assez difficile de leur faire changer leur état d’esprit. C’est pour cela qu’il faut des réglementations. C’est aujourd’hui inadmissible qu’il soit autorisé de mettre autant de CO2 dans l’atmosphère, autant de plastiques dans les océans, autant d’antibiotiques dans la nourriture, autant de pesticides dans les champs, autant de particules dans l’air ambiant dans les villes, qu’on gaspille autant de ressources naturelles, que l’on ait autant de gens qui souffrent de la misère avec des salaires beaucoup trop bas. On est dans un monde qui marche sur la tête, dans un monde qui a perdu le sens de la mesure, le sens du respect, de l’équilibre et de l’harmonie et pour moi, évidemment, il faut de la conscience individuelle, mais ça ne suffit pas. Je pense qu’il faut faire un appel aux gouvernements pour qu’ils prennent leurs responsabilités de garantir la qualité de vie de leurs citoyens. Qui, autre que le gouvernement, peut le faire ? Le gouvernement est là non pas pour faire du management jour après jour, mais pour avoir une vision, pour mettre des buts, pour expliquer à la population comment atteindre ces buts pour mobiliser l’enthousiasme sur la qualité de vie, sur la réalisation de ces grands buts… C’est ce qu’il manque aujourd’hui dans de nombreux de pays.

PREMIUM : D’un point de vue extérieur, on a l’impression qu’il y a quand même une conscience générale qui évolue. Même si l’on parle de ‘petits chiffres’ et malgré ces petits gestes quotidiens (comme manger bio, réduire la consommation de plastique), pensez-vous que la plupart des citoyens et des industriels soient prêts à changer ?
B. P. : Vous savez, les deux dernières années, 2018 et 2019, on a battu tous les records d’émissions de CO2. Et tous les records de pollution. Donc tout ce qui se fait ne suffit pas, et chaque jour l’écart entre ce qui se fait et ce qu’on devrait faire augmente, et la situation est de plus en plus grave. Alors, ce que j’ai remarqué quand j’étais à la COP 25 en décembre dernier, c’est que finalement la lenteur des négociations internationales crée une telle frustration que ça en fait réagir certains, et ça c’est positif. Des entreprises, des banques, des assurances, des industries, des gouvernements ou des régions ou des îles, commencent à prendre des mesures qui, elles, sont extrêmement salutaires. Par exemple la Banque Européenne du Climat se focalise sur les prêts à faire aux pays ou aux entreprises qui clairement veulent protéger l’environnement. C’est un geste fantastique. Le Luxembourg a ce nouvel ecoquartier à 0 émissions, 0 énergies fossiles, 0 déchets, c’est fabuleux. Ce sont des initiatives individuelles et il faudrait que toutes ces initiatives individuelles, comme sur un écran, forment des pixels qui grandissent, se touchent et qui finalement donnent une image. Ça, c’est ce qui me donne de l’espoir, beaucoup plus que les négociations internationales qui piétinent et pataugent.

PREMIUM : Sans parler politique, où de grands cli- mato-sceptiques sont en ce moment à la tête des grandes puissances mondiales et risquent de compromettre les avancées également…
B. P. : Ça stimule encore plus ces grands climato-sceptiques à la tête de leur pays, ça stimule encore plus ma voie de réaction, certains comportements qui sont salutaires, comme la Californie. C’est vrai que Washington est sorti des accords de Paris mais la Californie est la 5ème économie mondiale et ils ont stabilisé leurs émissions de gaz carbonique, ils ont une réglementation très ambitieuse en ce qui concerne les énergies renouvelables, le stockage, l’efficience énergétique, etc. Donc même à l’intérieur des pays, dont les gouvernements sont climato-sceptiques, il y a de très bonnes mesures qui sont prises. Il faut le dire il faut que les gens sachent. Et Schwarzenegger l’avait dit, ce ne sont pas les USA qui sont sortis des accords de Paris, c’est Trump.

PREMIUM : En tant que savant, je pense que vous avez dû glaner de nombreuses infos pour maîtriser le dossier et vous décider à trouver des solutions. Quels sont les vrais problèmes, quels sont les chiffres ou les données que vous avez pu découvrir qui vous ont complètement effarés en terme de consommations, de gaspillages etc?
B. P. : Ce qui m’a le plus effaré, ce sont les points de basculements, ce sont les moments où les phénomènes de changement climatique deviennent irréversibles. Par exemple, la fonte de la banquise ; quand elle a fondu, la mer absorbe la chaleur du soleil au lieu de la réfléchir, chauffe de plus en plus, et la banquise ne peut plus se reconstituer. Vous avez la fonte du permafrost, c’est un phénomène qui est hyper dangereux parce que ça libère des tonnes et des tonnes de méthanes, donc des gaz qui proviennent de la putréfac- tion de tous les végétaux qui autrefois étaient maintenus en congélation en Sibérie ou dans toutes les régions du nord. Chacun de ces phénomènes amplifie le phénomène lui-même et c’est ce qui fait peur. Exemple : les incendies de forêt, vous avez plus de chaleur, donc plus d’incendies. Les arbres diminuent, vous avez moins d’absorption de CO2 puisqu’il y a moins d’arbres. Donc vous avez plus de changement climatique, vous avez plus de chaleur et ça amplifie les incendies. C’est ce qu’on appelle des feedbacks positifs, ce sont des rétroactions qui se stimulent mutuellement et qui amplifient la situation. C’est ce qui me fait peur et bientôt on aura perdu le contrôle.

PREMIUM : Quoi qu’il en soit, si vous avez ces projets en main c’est que vous gardez un côté optimiste. Justement pour parler de vos solutions dont certaines ont été labellisées, pouvez-vous m’en citer 2 ou 3 dont vous êtes particulièrement fier et qui sont facilement applicables par tous?
B. P. : Alors, vous avez un module, qui s’appelle Antismog, qui pour 500€ peut s’installer sur n’importe quelle voiture à moteur thermique et permet de baisser de 80% les particules émises et de diminuer de 20% la consommation de carburant. Donc sur un taxi c’est quelque chose qui est amorti en 6 mois, cela devrait être utilisé partout. Vous avez d’autres systèmes dans la construction, comme par exemple Joulia ; c’est un système qui récupère la chaleur de l’eau de la douche et qui la redistribue. Hydraloop quant à lui recycle à 85% l’eau qu’on a utilisée. Vous avez des ampoules LED. Dans l’aviation vous avez Skybreathe, qui est un système qui permet aux pilotes d’optimiser leur vol et d’économiser leur carburant à hauteur de 5%. Dans tous les domaines, vous avez des solutions. Vous avez aussi quelque chose auquel je crois beaucoup, c’est le smart green, c’est la manière d’optimiser la production d’énergies renouvelables, la distribution, la gestion d’utilisation de cette énergie au niveau d’un quartier ou d’une ville. C’est fondamental d’arriver à faire ça.

PREMIUM : Pour finir, quels sont les petits gestes du quotidien que les gens pourraient faire pour soutenir, amplifier ces bonnes actions ?
B. P. : Acheter que ce dont on a vraiment besoin, parce qu’il y a beaucoup de choses qui sont gaspillées, et je dirais n’utiliser que ce dont on a besoin, à peu près la moitié de l’énergie est gaspillée, la moitié des aliments que l’on achète est gaspillée, la moitié des gadgets que l’on achète est inutile. On achète beaucoup trop d’emballages, beaucoup trop de déchets plastiques. Tout ça, ce sont des choses qui, à l’échelle individuelle, peuvent être corrigées. Acheter local également, acheter avec du bon sens, ça ne sert à rien de faire venir des choses de l’autre bout du monde alors qu’on peut en prendrent qui sont produites chez nous. Au niveau de l’habitat, ne pas surchauffer sa maison, même dans un appartement : chaque degré en plus, c’est à peu près 6 % de consommation d’énergie supplémentaire, par conséquent vivre à 20 degrés c’est beaucoup plus sain et beaucoup plus respectueux de l’environnement que de vivre a 25 degrés, vous avez déjà économiser 30 % d’énergie. Mettre des ampoules LED, avoir une maison bien isolée, si possible une pompe à chaleur. On va se rendre compte progressivement que rouler en voiture électrique ou à hydrogène c’est beaucoup plus sain que de rouler avec des voitures à combustion. Il y a donc beaucoup de choses dans la vie de tous les jours. Pour que cela fasse une différence, c’est que chacun prenne conscience de l’impact de ses propres décisions. Souvent, on fait des choses de façon complètement machinale ; vous voyez, un fumeur qui jette son mégot dans la rue, il ne pense même pas au dégât qu’il fait. Tout comme on ne se rend pas compte des dégâts que l’on fait lorsque l’on fait venir des produits depuis l’autre bout du monde. Il faut prendre conscience de tout cela pour changer à l’échelle individuelle. Puis, à l’échelle des pays, pour favoriser la tâche des citoyens, ce serait de mettre un prix sur le CO2, qu’il soit intégré dans le prix de vente de tout ce qu’on achète, dans l’industrie et dans le commerce. Aujourd’hui, on n’a pas inclus les externalités, on continue à ne pas payer pour les dégâts carbone que l’on cause en consommant les énergies fossiles. Je pense qu’il faut prendre tout ce qui permet de protéger l’environnement de façon rentable, le favoriser au niveau des entreprises et des citoyens par des réglementations qui permettent à ces nouvelles technologies de s’imposer et de remplacer les anciennes. La réglementation est très importante parce qu’elle permet aux entreprises de les utiliser, sans risquer une distorsion de concurrence. Donc paradoxalement une réglementation intelligente va aider les entreprises à faire leur mutation et leur transition énergétique.

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