
"The Gray Man, c'est le type de film que j'aurais aimé voir en grandissant. C'est ce genre de film qui m'a fait tombé dans le cinéma."
Est-ce que c’est la rigueur d’une enfance passée dans une famille mormone qui a conduit le jeune Ryan à se tourner vers une carrière sous les projecteurs ?
Élevé par sa mère et sa sœur aînée, il dit avoir eu beaucoup de plaisir à grandir. “Ma mère est une femme forte et lorsque j’ai eu des problèmes pour m’intégrer à l’école, elle a décidé de m’en retirer et de me donner des cours à domicile. C’est probablement la plus belle chose qui aurait pu m’arriver. J’ai pu apprendre à étudier grâce à elle, et aussi apprendre beaucoup sur moi-même”.
Il commence à s’intéresser à la danse qu’il pratique dès l’âge de 8 ans. Il est ensuite engagé en 1993, à l’âge de 12 ans, par l’émission de télévision américaine The Mickey Mouse Club, aux côtés de Britney Spears, Christina Aguilera et Justin Timberlake. De futures grandes stars avec qui il avoue ne plus avoir de contact aujourd’hui. Il déménage à 16 ans à Los Angeles et enchaîne les apparitions dans des séries à la télévision.

“Après le divorce de mes parents, j’ai dû à mon tour soutenir financièrement ma mère et ma soeur, mais je n’ai pas considéré que je faisais autre chose que ce que je devais faire. Je voyais le métier d’acteur comme un moyen de gagner beaucoup d’argent par rapport à la situation difficile de mes parents, lorsque mon père travaillait dans une usine de papier et que ma mère était secrétaire. J’ai toujours gardé cette vision des choses : c’est un travail à prendre au sérieux, car beaucoup de gens comptent sur vous.”

C’est en décrochant le rôle principal controversé du film Danny Balint (The Believer), qu’il fait une percée dans sa carrière. Sa performance où il incarne un skinhead antisémite aux origines juives lui vaut des critiques élogieuses et l’attention de l’industrie. Le film remporte le Grand Prix du Jury au Festival du film de Sundance 2001. Le journal Le Parisien écrira, comme une prédiction : “Traité comme un thriller psychologique, construit intelligemment, ce film sans ambiguïté est porté par un acteur formidable, Ryan Gosling, dont on reparlera.”
Ryan a été nommé meilleur acteur par les Film Independent Spirit Awards et le London Film Critics’ Circle. Continuant à recevoir les éloges de la critique pour ses rôles difficiles et complexes, Gosling est nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 2007 pour son rôle dans Half Nelson, où il incarne Dan, un lycéen toxicomane. Il a également été nommé dans la catégorie “Meilleur acteur” par la Screen Actors Guild, la Broadcast Film Critics Association, la Chicago Film Critics Association, la Online Film Critics’ Society et la Toronto Film Critics Association. En outre, il a reçu l’Award de la meilleure performance du National Board of Review.
L’année suivante, Gosling est à nouveau récompensé par une nomination au Golden Globe et au SAG Best Actor pour son travail dans Lars et The Real Girl et, une fois de plus en 2011, pour Blue Valentine dans lequel il donne la réplique à Michelle Williams.

En 2012, il crève l’écran dans Drive, un polar intense où il incarne un cascadeur hollywoodien qui sert de chauffeur à des malfrats en fuite, dans sa lutte pour survivre après s’être mêlé d’une d’histoire de braquage véreuse. Ce film indépendant américain à petit budget, adapté du roman éponyme de James Sallis et servi par la musique originale de Kavinsky, engrangera au final près de 62 millions d’euros dans le monde ! Ryan Gosling oscille entre le flegme et les éclats de violence, son interprétation est remarquée comme “l’un des acteurs les plus excitants de sa génération”, selon Manohla Dargis, critique du New York Times.
Depuis 2015, Gosling a joué aux côtés de Christian Bale, Steve Carell et Brad Pitt dans The Big Short, et dans la comédie The Nice Guys, aux côtés de Russell Crowe.
Un autre OVNI sort en 2016, La La Land, une comédie musicale du scénariste-réalisateur Damien Chazelle dans laquelle Gosling retrouve sa première passion, et joue aux côtés d’Emma Stone. Le film reçoit 14 nominations aux Oscars, dont celles du meilleur film et du meilleur acteur. Il bat le record du plus grand nombre de Golden Globes remportés par un film, y compris le prix de Gosling pour le meilleur acteur. Là aussi, sa performance exceptionnelle est récompensée par la profession et la critique, accumulant plus de 20 nominations dans tout le pays.
D’autres grands films vont se succéder : Blade Runner 2049 réalisé par Denis Villeneuve, où il joue aux côtés de Harrison Ford, puis First Man, le biopic sur Neil Armstrong, réalisé par Damien Chazelle.


Côté coeur, Ryan Gosling est avec l’actrice Eva Mendes depuis qu’ils se sont rencontrés sur le tournage de The Place Beyond the Pines en 2011, mais ils sont connus pour rester discrets sur leur vie privée. Gosling a récemment révélé que Mendes est une grande fan de son dernier rôle dans le film Barbie et Ken, actuellement en tournage et qui sortira en 2023. “Elle m’a beaucoup soutenu. Elle soutient ma Kenergy”, a-t-il déclaré dans l’émission The One Show de la BBC.
Est-ce que la célébrité l’a changé ? L’acteur dit essayer de profiter de sa vie et de rencontrer des gens qui apprécient le cinéma et qui aiment aussi son travail. “Je ne pense pas avoir vraiment changé ma façon de voir ce que je fais ou la façon dont je vois ma vie. Ce qui change, c’est la façon dont le monde vous voit et quand les gens vous rencontrent, ils ont l’impression de vous connaître personnellement. C’est un sentiment étrange parfois, mais j’essaie d’être aussi naturel que possible lorsque les gens viennent vers moi et veulent me parler ou simplement me dire bonjour. Je n’essaie pas de changer mon comportement pour me conformer à l’image ou à la perception que les gens peuvent avoir de moi après avoir vu mes films ou lu des articles à mon sujet. J’essaie de me comporter aussi normalement que possible et d’être moi-même.”
Son actualité, c’est The Gray Man, un thriller d’action américain produit par Netflix et réalisé par les frères Anthony et Joe Russo, où il est Sierra Six, un agent de la CIA dont personne ne connaît la véritable identité, qui découvre accidentellement de sombres secrets de l’agence dissimulés dans une clé informatique. Un ancien collègue psychopathe (Chris Evans) met sa tête à prix, déclenchant une chasse à l’homme mondiale menée par des assassins internationaux. L’acteur n’avait pas tourné depuis 4 ans.
Il explique : “Je suis devenu père, c’est comme être au paradis. J’ai beaucoup de chance. La naissance d’Esmeralda et d’Amanda Lee a radicalement changé ma vie qui devient chaque jour plus belle que je ne l’avais jamais imaginée. Passer du temps avec elles est si excitant. Je n’ai jamais vraiment pensé qu’être père serait une chose aussi merveilleuse. Je m’estime très privilégié d’avoir pu me le permettre, mais ensuite j’ai pensé : Hé, tu as des enfants, tu devrais recommencer à gagner de l’argent à cause d’eux. Et ce film tombait à pic. J’ai toujours voulu faire un film d’action. Je veux dire que j’ai fait beaucoup de films qui avaient des séquences d’action, mais jamais un véritable film d’action. C’était aussi de ma faute, j’ai attendu longtemps le bon. Celui-ci a été réalisé par les frères Russo, qui font ce type de cinéma depuis une décennie. J’ai adoré le personnage, un agent réticent qui ne veut pas faire son travail.” Quand on lui demande ce qu’il pense de Netflix, l’acteur dit : “Je regarde beaucoup Netflix. Si vous avez des enfants, vous ne pouvez pas aller au cinéma aussi souvent. Et pendant le confinement, nous avons tous vécu la même expérience : nous passions plus de temps à la maison que nous ne l’aurions souhaité. J’apprécie vraiment ce que fait Netflix. Tu peux regarder quelque chose à tout moment depuis le canapé si tu ne peux pas sortir.”
Le tournage de The Gray Man s’est déroulé dans toute l’Europe durant la pandémie, dans 7 pays précisément. L’acteur dit avoir saisi l’occasion pour sortir et en profiter pour emmener sa famille avec lui et leur faire visiter l’Europe.
“Je peux vous raconter un moment amusant. Lorsque nous tournions cette longue séquence d’action à Prague et que je glissais dans le tram, mon téléphone a soudainement sonné. Lorsque dans la scène je me suis glissé derrière un banc, j’ai pris le téléphone avec la main qui était libre, c’était Eva au téléphone. Nous avons séjourné dans un hôtel à proximité et elle a demandé combien de temps les explosions devaient durer, car les filles avaient des cours en zoom dans une heure. Ça résume bien la situation des nouvelles réalités familiales à ce moment.”



Ryan Gosling raconte à propos de son personnage Sierra Six : “C’est vraiment la première fois dans sa vie qu’il a une sorte de pouvoir. Enfant, il était impuissant face à un père très dominateur, face au système carcéral, puis face à la CIA. Ainsi, même si tout est très cinématographique et que les enjeux sont exacerbés, son histoire est d’une certaine manière très proche de nous, car tout ce qu’il veut vraiment, c’est avoir un certain contrôle sur lui-même et sur sa propre vie.”
À ses trousses, l’acteur Chris Evans alias Lloyd Hansen, ancienne recrue de la CIA, un agent incontrôlable et impulsif, renvoyé de l’agence après seulement 6 mois pour avoir commis des tortures. Chris Evans explique qu’après avoir lu le script, il a vraiment été attiré par Lloyd : “C’était si bien écrit et je n’ai pas souvent l’occasion de jouer ce genre de rôle. Je ne pense pas que c’est ainsi que l’on me voit. Mais en tant qu’acteur, vous mourez d’envie de faire ce genre de choses. Ils m’ont dit que Gosling allait être l’Homme Gris. J’étais juste si excité que quelqu’un de son calibre ait embarqué dans le film, parce qu’il nous pousse à donner le meilleur.”

“J’ai vraiment hâte que le public découvre The Gray Man parce que, personnellement, c’est le type de film que j’aurais aimé voir en grandissant. C’est ce genre de film qui m’a fait tombé dans le cinéma. Le casting est tellement incroyable et le ton si intéressant. Il offre des séquences d’action grandeur nature et des scènes théâtrales qui permettent de pénétrer les caractères des personnages. Je pense aussi que Six est racontable parce que c’est un héros analogique dans un monde numérique.”
Ryan à propos du rôle de Chris : “Au départ, Lloyd est engagé pour récupérer ce que Six a volé par tous les moyens nécessaires, mais, à un certain moment, cela cesse d’être un travail et devient presque une affaire personnelle. Il est l’opposé polaire de mon personnage. Dans le sens où Six fait tout ça parce que c’est son travail et parce qu’il doit le faire. Lloyd est quant à lui quelqu’un qui se cache derrière l’idée que c’est juste un travail mais devient finalement obsédé par le fait de tuer Six.”
Le réalisateur Jo Russo explique : “Nous aimons les thrillers des années 70 qui nous ont fait grandir. Notre père était un grand fan, donc nous avions droit à un régime régulier et une connexion émotionnelle avec ce genre. Nous sommes toujours à la recherche de l’excitation implacable que nous avons eu la première fois que nous avons regardé The French Connection – cette énergie, cette compulsion, et le temps comprimé qui vous fait vous asseoir sur le bord de votre siège pendant que vous regardez l’histoire se dérouler. The Gray Man possède beaucoup de ces qualités. Il va pousser le public à suivre le rythme incroyable du film, il y a une densité, une stratification, il se passe beaucoup de choses très rapidement.”
“Les films sont probablement plus explosifs lorsqu’ils sont en corrélation avec ce qui se passe dans votre vie de tous les jours ou qu’ils touchent à une vérité universelle qui est au plus profond de vous, ce qui vous donne l’impression d’être très présent lorsque vous le regardez. Je pense que ce film est très ancré dans son époque, en particulier l’Homme Gris lui-même, qui sort d’une période politique très complexe et se rebelle contre un système qu’il pense corrompu. Il a son propre code et va le suivre. Mon frère Anthony et moi avons travaillé très dur à travers les réécritures et avec le casting pour apporter des idées qui soient actuelles, organiques et fraîches, et nous aimons certains de ces thrillers en raison de leur complexité thématique, et The Gray Man s’y inscrit parfaitement. Il y a un héros principal compliqué, une fin compliquée, et le film interroge tout au long sur à qui on peut faire confiance et si on peut faire confiance à l’establishment.”
Avec un budget record de 200 millions de dollars, The Gray Man est le film le plus cher distribué sur une plateforme de streaming.