
D’un côté une moto emblématique, la R18 faisant référence au passé par son look rétro à peine modernisé, et de l’autre un coupé classique, la M440i dont le modernisme de ses lignes tendues tranche avec sa nouvelle calandre verticale s’inspirant des BMW des années 1930. Si ces deux machines n’ont à priori rien en commun, c’est pourtant de la même époque qu’elles puisent leur inspiration. Explications…

R18
En ce qui concerne la R18, la filiation stylistique est beaucoup plus évidente tant son look vintage rappelle la BMW R5 de 1936 et, de ce fait, apparaît comme sa réinterprétation moderne. Si allure et proportions sont conservées, il en est autrement du gabarit qui explose dans toutes les dimensions. Une remarque qui vaut également pour son moteur flat-twin qui, avec une cylindrée de 1,8L, est ni plus ni moins le plus gros bicylindre à plat de la production. Un moteur qui est sans conteste la pièce maîtresse de ce cruiser dont le cadre au look « hard tail » dissimule subtilement une suspension arrière inexistante à l’époque de la R5. Dès le premier coup d’œil, cette machine impressionne autant qu’elle intimide par ce savant cocktail mêlant des lignes épurées serties de chromes vintage à un gabarit hors-norme, cela en saupoudrant le tout d’une certaine agressivité mécanique. Héritage mécanique. Si, côté style, ces deux modèles collent parfaitement à la philosophie BMW, il en va de même pour leur caractéristiques mécaniques. En effet, la motorisation de la M440i fait appel au légendaire 6 cylindres en ligne alors que celle de la R18 adopte le bicylindre Boxer (aussi dénommé flat-twin) qui vient de fêter son centenaire en 2020. Ces deux mécaniques résument à elles seules l’histoire de la marque à l’hélice qui est restée fidèle à ces architectures depuis leur création. Un héritage qui fait la fierté de BMW et sur lequel il est impossible de faire l’impasse pour un adepte de la marque ! Mais cela, on ne peut le comprendre que si on l’a vécu derrière le volant ou au guidon de ces fantastiques engins. C’est que les signatures sonore et vibratoire de ces moteurs diamétralement opposés sont si caractéristiques, que seul peut le comprendre celui qui les a vécues. Autant l’équilibre, le velouté et le feulement du 6 en ligne nous laissent le souvenir d’une exquise expérience sensorielle, autant le bicylindre boxer nous frappe par le punch, les vibrations et les borborygmes de ses deux grosses « gamelles » qui nous assènent de gros coups de butoir à chaque accélération. Des expériences uniques que les nouvelles motorisations électriques ne pourront jamais nous faire oublier !
L’ESSAI
Testée sur les route de Bavière, notre prise en main de la R18 ne fut pas des plus aisée en cause d’une météo diluvienne. Pas évident de goûter aux joies du cruising nonchalant sous une forte pluie froide et ininterrompue, d’autant que l’on disposait d’une mécanique débordant de ressources… de quoi être intimidé au moment de prendre la route ! Malgré son look rétro, cette machine dispose heureusement de toutes les technologies modernes comme l’ABS, le contrôle de traction MSR et de stabilité ASC pour rassurer son conducteur. Et pour nous aider à supporter ce climat froid, on pouvait compter sur les poignées chauffantes et les deux gros cylindres à plat qui tenaient nos pieds (trempés !) bien au chaud. Dans ces conditions, nous n’avons pas trop joué avec les 3 modes de conduite (rain, rock & roll) proposés par la gestion électronique pour contrôler moteur et freins. Figé en mode « rain », nous avons néanmoins pu découvrir une moto offrant de belles performances grâce aux ressources de sa mécanique et une facilité de conduite étonnante malgré son poids et son gabarit conséquents. Si le slalom et les épingles ne sont pas son fort, elle apprécie les longues courbes prises dans l’angle sur un filet de gaz… de surcroît sous le soleil !

M440i
BMW est reconnu pour ses réalisations à la pointe de la technologie, mais un autre point où la marque bavaroise se démarque c’est aussi celui du design, notamment via sa calandre dont le dessin du « double haricot » traverse le temps en se déclinant à toutes les sauces depuis ses origines. Cette calandre caractéristique, qui a démarré sa carrière sur la BMW 303 de 1933 sous un format XXL, s’est affinée au fil des ans (on se rappellera la sublime 328 d’avant-guerre) en rapetissant à l’extrême dans les années 1980-90 (souvenez-vous des Z1 et série 8) pour finalement reprendre sa consistance ces dernières années, par exemple avec la fort décriée série 7. Avec la nouvelle série 4, cette évolution renoue avec ses origines en s’étirant à nouveau verticalement. Ce retour aux sources, qui choque certains esprits chagrins, est pourtant légitime !
L’ESSAI
Sur 4 roues, l’expérience fut bien plus normale puisque protégés des éléments par la carrosserie de ce beau coupé. Installés confortablement dans son siège semi-baquet orné de cuir fauve, la position de conduite se règle aux petits oignons. Moteur, boîte et direction répondent avec spontanéité et précision dans une ambiance feutrée avec la sensation que tout est sous contrôle. Une impression bien réelle tant les différentes assistances veillent au grain pour maintenir la voiture dans sa trajectoire et à distance sécurisante des autres véhicules. Cela est d’autant plus appréciable avec les performances de feu du fabuleux 6 cylindres en ligne turbo et les capacités du système de traction intégrale xDrive. Si à son volant tout semble facile grâce à cette débauche technologique, il faut cependant garder à l’esprit que les lois de la physique sont immuables et qu’il vaut mieux ne pas les transgresser, même au volant d’une telle machine. Au final, nous avons beaucoup apprécié ce beau et véloce coupé.