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Keanu Reeves : Keanu, l’élu

À l'heure ou la pandémie mondiale a paralysé l'industrie du divertissement, l'acteur le plus cool d'Hollywood ressurgit dans une suite de la saga 'Bill et Ted' et bientôt un Matrix 4 ou il va devoir une fois de plus changer la face de l'univers. Par Violet Wilder

Cela fait exactement trois décennies que Keanu Reeves et Alex Winter se sont lancés dans une audition de casting pour un film maladroit, un peu grossier, sur le thème des drogués, sans même un script entre les mains.
Deux heures plus tard, ils ont émergé avec ce qu’ils imaginaient à l’époque n’être rien de plus qu’un travail d’acteur, mais en fait L’excellente Aventure de Bill & Ted a été le catalyseur, pour Keanu au moins, pour exceller bien au-delà des royaumes de la comédie d’action pour adolescents.
À travers L’avocat du diable, Speed, 47 Ronin et Matrix, mais aussi une carrière sur scène qui nous a également permis de voir jouer le guitariste de 55 ans à Glastonbury, cette audition passée à la hâte a ouvert une carrière, une richesse et une adulation à un acteur qui n’a jamais laissé s’envoler la célébrité. La preuve en est qu’ils ont accepté de reprendre ces héros emblématiques du début des années 1990 avec une vision ascendante, actualisée et bouleversée de la vie de ces deux protagonistes imparfaits.
Intitulé à juste titre Bill & Ted Face the Music, la sortie du film au budget de 25 millions de dollars – qui met également en vedette Kristen Schaal, Samara Weaving et Kid Cudi – arrive à un moment où le monde fait exactement cela… politiquement, économiquement et surtout de façon cruciale, en luttant contre une pandémie mondiale qui a détruit les communautés et paralysé l’industrie du divertissement. Le temps s’est arrêté, certes, mais s’il y a bien un homme pour nous aider à creuser un chemin hors des profondeurs obscures, c’est Keanu Reeves. Et si le fait de remettre le sourire sur les visages comme c’est le cas avec Ted « Theodore » Logan n’était pas un coup de feu pour les cinéphiles, son réassortiment du superhéros Neo devenu cybercriminel dans le quatrième volet de la série de films Matrix, dont on dit qu’il sortira dans un peu plus d’un an, offre l’espoir que, sûrement, tout va bien se passer.
Après toutes ces années, si certains pouvaient encore se demander si Reeves pouvait toujours jongler entre le sublime et le ridicule – l’esquiveur de balle Neo contre le stupide et décontracté Ted ; la superstar mondiale contre le hipster en moto – ils peuvent se rassurer. Même s’il est clairement heureux de revenir sur le passé et de le réécrire, le plus important est que l’avenir est toujours prometteur pour Keanu Reeves.

John Wick 2 (2017)
L’agent Johnny Utah dans Point Break (1991)

PREMIUM : Deux suites pour vous à venir, mais ces deux films arrivent littéralement des décennies après leurs incarnations précédentes. Qu’est-ce que ça vous a fait de revenir à ces personnages après avoir passé tant de temps si loin d’eux ?
Keanu Reeves : Et bien avec Neo (Matrix 4), je suis absolument ravi de là où il en est. En effet, pour être honnête, si je n’avais pas été excité par ce qu’il est dans ce quatrième volet, le lieu où se passe l’action et tout le reste autour, je n’aurais pas accepté de le faire. Je n’aurais pas pu le faire.
J’ai déjà lu le script et je suis ravi car c’est quelque chose de vraiment ambitieux, et à juste titre, car c’est une part importante dans l’histoire des films de nombreuses personnes. Ceux qui on regardé le premier film ont été captivés et n’ont pas décroché depuis. Ce que je veux dire, c’est que c’est comme lorsque j’ai découvert le script de ce premier film : j’ai été immédiatement happé… mais comme tout le monde, je me demandais ce qui allait vraiment se passer. J’ai dû parler avec les Wachowskis de la façon dont j’allais jouer le rôle, de ce que je pourrais lui apporter, car c’est un film osbcur à plusieurs couches. Il est en effet toujours écrit que Neo est “L’Élu” – nous devions être sûrs que ce serait parfait.

PREMIUM : Comment se sont déroulées ces échanges ?
K. R. : Je souhaitais jouer le rôle de façon juste et avec conviction et j’ai dû demander aux Wachowskis si Neo sait qu’il a cette capacité en lui, ce quelque chose qui le convainct de suivre Mopheus et Trinity, excellemment incarnés par Larry Fishburne et Carrie-Anne Moss.
Sait-il qu’il peut être ce qu’ils veulent et désirent de lui ou est-il seulement un hacker brillant qui se trouve juste au bon endroit au bon moment ? C’est quelque chose qui devait être entendu pour s’assurer que tout le film fonctionne.
Bien sûr, nous sommes encore loin de la sortie du nouveau film, mais je suppose que cela nous donne à tous le temps d’être certains que nous allons rendre le film parfaitement juste. J’ai été totalement piqué dès que j’ai su que ce qui se préparait et que j’ai lu le script. Maintenant, je suis aussi excité qu’un fan !

PREMIUM : La conception des trois films précédents mettait l’accent sur le visuel et les images créées par ordinateur. Pensez-vous qu’on ne privilégie pas assez les dialogues ?
K. R. : En fait, c’est exactement ce que les auteurs souhaitaient. Ils voulaient que le film soit un film d’action classique, qu’il ait son propre monde… du contenu émotionnel ainsi que des intrigues et des stratagèmes qui déforment l’esprit, au lieu d’être simplement un film à suspense, de science-fiction, un thriller banal. Ils voulaient qu’il se démarque, qu’on en parle pendant les années à venir ; et le fait qu’on revienne pour tourner un quatrième film valide ce qu’ils désiraient. Ceux qui adorent cette franchise le font pour plusieurs raisons – même si je pense que c’est surtout pour le style du film, non pour ses dialogues.

PREMIUM : Bien, nous sommes un peu plus proches de la sortie de Bill & Ted Face the Music, le troisième film de cette franchise. Qu’est-ce qui vous a encouragé à revenir au personnage de Ted après toutes ces années ?
K. R. : On a commencé à en parler vers 2010, 2011 ou 2012. À ce moment-là, c’était juste une idée. Mais la majorité des membres de la franchise avons été impliqués, avec les deux auteurs Ed Solomon et Chris Matheson, moi-même, et Alex Winter, qui joue Bill, ainsi que Scott Kroopf, le producteur. Nous avions tous une grande affection pour les deux films précédents, et tout est parti de là.

PREMIUM : Que s’est-il d’abord passé et qui s’est enflammé pour l’idée ?
K. R. : Et bien, Ed et Chris sont venus nous voir Alex et moi et ont commencé à parler des prémisses de ce troisième film, comme il pourrait être relié aux Folles aventures de Bill et Ted et à L’Excellente aventure, et nous avons commencé à travaillé au brouillon du script, sur des scripts alternatifs et d’autres choses. Nous avions de grandes conversations à leur sujet et lorsque l’un d’entre nous partait, il revenait plus tard pour voir comment les autres avaient avancé. Nous échangions ensuite nos idées et on pouvait déjà voir, à un stade éloigné, que cela allait vraiment marché.
Ensuite, vous faites monter le réalisateur à bord, Dean Parisot, et les choses commencent vraiment à bouger parce que vous avez des parties du travail qui commencent à se solidifier et à s’assembler, donc vous savez dans quelle direction vous allez, et le plus important, c’est que tout le monde pousse ensemble pour atteindre ce but au bout du chemin.

PREMIUM : Aucun revers ?
K. R. : Juste le fait que vous avez toujours à convaincre les gens qui vont financer le film et c’est là que vous pouvez être bloqué – et pour de bonnes raisons ; alors vous espérez que les gens vont s’ouvrir et voir le truc, et c’est moins facile de se protéger avec toutes les choses qui se passent en ce moment. Au final, ce n’est pas simplement un reboot rétro, car les personnages de fictions vieillissent aussi – si vous le désirez – et la façon dont nous avons envisagé ça emmène les personnages dans la période moderne. Nous aurions pu revenir dans le passé et faire un troisième film quasiment à la même époque que les deux films précédents.
Alex et moi en avons parlé, mais nous avons décidé que nous souhaitions les incarner dans l’époque actuelle, mais pas tels qu’ils étaient dans le passé. C’est évident que ce ne sont plus des adolescents ou des jeunes de vingt et quelques années, nous sommes donc tombés d’accord avec les auteurs que nous allions les jouer d’une nouvelle façon.

PREMIUM : Vous rappelez-vous toujours cette première audition, dans vos souvenirs ?
K. R. : Bien sûr. Tout d’abord il n’y avait aucun script sur lequel travailler. On m’a juste donné quelques pages et on m’a dit de partir de ça. Il y avait environ 10 Bill et Ted différents et nous intéragissions tous les uns avec les autres pour voir lesquels joueraient la meilleure paire. C’était bizarre. Je débutais en tant qu’acteur et je n’avais qu’une poignée de films à mon crédit avant L’excellente aventure. Je n’avais jamais passé ce genre d’audition avant et je devais apprendre mon métier, je devais l’attaquer de l’angle qui me semblerait le plus efficace. Cela nous a peut-être aidé de ne pas avoir cherché à jouer les personnages comme des “drogués” que beaucoup d’autres étaient.

PREMIUM : Avant d’être proche de devenir un acteur, vous avez vécu dans quatre pays. Comment s’est passée cette enfance ?
K. R. : La plupart du temps j’étais très jeune, je veux dire un bébé. Je suis né à Beyrouth, au Liban, en septembre 1964, et après quelques mois, ma mère et mon père qui avaient tout juste vingt ans à l’époque, ont déménagé pour Sydney, en Australie, où ma soeur est née. Nous sommes ensuite partis pour New York et arrivés là, ils se sont séparés !
Ma mère a épousé un gars, Paul Aaron, qui travaillait dans le théâtre, à Broadway, mais ils ne sont pas restés mariés longtemps. Mais je suis resté en contact avec lui et j’ai commencé dans le business du film à l’âge de 15 ans comme assistant de production pour l’un de ses projets.

PREMIUM : Vous êtes parti pour Hollywood, mais votre premier film vous a fait revenir à Toronto, au Canada…
K. R. : Oui, c’est vrai. Il s’appelait Youngblood et c’était avec Rob Lowe, Patrick Swayze, Cynthia Gibb. C’était un film sur le hockey dans lequel je jouais un jeune mâle avec un palet (rires). Rob jouait le personage principal du titre du film et j’étais dedans, alors que je jouais au hockey au lycée dans la vraie vie, ça a donc été facile pour moi.

PREMIUM : Depuis le temps que vous rebootez des projets de films, vous devez être tenté de reformer Dogstar ?!
K. R. : Ah… Dogstar. Je jouais de la basse. Pour être honnête, nous étions juste un groupe de bar, mais nous voulions vivre un peu et avoir des expériences de vie. On a organisé une tournée aux États-Unis qui s’est bien passée, et nous en avons faite une autre puis une autre puis une quatrième. On a pu jouer au Japon, en Europe, où, en 1999, on a réussi à réserver nous-même Glastonbury, mais ça ne s’est pas si bien passé car on m’a lancé des tonnes de fruits (rires) ! Mais je crois me souvenir qu’on a joué et qu’ils me lançaient des choses juste pour essayer et avoir mon attention. Ça n’a pas bien marché car j’étais concentré sur essayer de ne pas gâcher ! J’essayais toujours de caler les concerts autour de mes tournages et quand j’y arrivais, on finissait par jouer dans des endroits vraiment sympa et à tourner avec des groupes énormes et cools. Une fois, Bon Jovi nous a proposé de jouer avec eux à certaines dates de leur tournée et cela dépendrait d’où ils se trouveraient dans le monde une fois qu’on aurait bouclé Matrix.
C’est tombé qu’on a pu les rejoindre en Australie et nous avons joué quelques soirs avec eux. La foule n’était pas venue pour nous voir, et nous le savions, nous étions juste heureux de pouvoir jouer notre truc devant autant de personnes, mais le public a été gentil avec nous et nous leur en sommes reconnaissants.

PREMIUM : Pendant que nous parlons d’autres choses que du travail, vous adorez aussi toujours faire de la moto ?
K. R. : Oui, j’ai besoin de la vitesse (rires) ! Cela a commencé quand j’étais jeune et que je grandissais à Toronto, où les gangs à moto traversaient la ville dans laquelle je vivais, et j’ai tout de suite était captivé. Lorsque je tournais en Allemagne au milieu des années 80, il y avait une jeune femme qui conduisait une moto et je lui ai demandé de me montrer comment en conduire une correctement. Elle l’a fait et lorsque je suis rentré à L.A., j’ai acheté ma première moto et depuis je n’ai plus jamais été le même.
L’un de mes préférées est une Norton et j’ai une Mk2A Commando de 1973 que j’ai depuis trente ans- nous avons partagé beaucoup de temps et de kilomètres ensemble. Tellement de grands souvenirs et de moments extraordinaires. Qui tu es et ce que tu fais n’a aucune importance ; dans la vie, tu dois avoir ces loisirs, ces échapées – elles sont vraiment ce qui font qu’on est qui on est. Ce n’est pas le travail qui fait ça.

PREMIUM : N’avez-vous pas fait une grave chute avec votre Commando?
K. R. : Si, et c’était mauvais. J’ai été victime d’une rupture de la rate à cause de ça. Jusque là je n’avais fait que des glissades bien que je me sois cassé le bras, quelques dents, perdu beaucoup de peau et égratigné mes genoux sur la route. J’ai cependant essayé de rouler moins vite et devenir un peu plus prudent avec les années. Dès que j’étais en colère ou stressé par quelque chose, je sortais ma moto et je roulais aussi vite que je le pouvais, mais ce n’était pas la meilleure chose à faire pour conduire à 150 km/h ou plus. Je ne le fais plus du tout.

PREMIUM : Devenir le co-fondateur d’un magasin de personnalisation de motos a dû s’imposer à vous comme votre destinée ?
K. R. : C’est ma façon de livrer ma passion pour les motos et de créer le genre d’expérience dont vous rêvez. J’ai toujours été fasciné par la manière dont les motos sont assemblées, les sortes de pièces utilisées. Je suis un geek, je l’admets (rires).

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