L’appellation e-tron (à la phonétique peu heu- reuse en français…) symbolise la nouvelle orientation technologique de Audi, ceci à l’image des labels « Quattro » et « TDI » qui vantaient les progrès de la marque via le slogan « Vorsprung durch Technik » à la fin du siècle dernier. Notons cependant que cette évolution technologique est aussi la conséquence de l’affaire du « diesel gate » qui, depuis 2015, a contribué à la diabolisation du moteur diesel et du fameux TDI par la même occasion !
Q8 ÉLECTRIQUE
A l’image de Mercedes, qui a décliné son EQC à partir d’un SUV, Audi a construit son e-tron en prenant pour base la toute nouvelle Q8 et cela se voit. En effet, il faut un œil averti pour différencier la version électrique de la thermique tant leurs silhouettes sont semblables et que seul le traitement des faces avant et arrière sépare. Si la carrosserie arbore un design très conservateur propre à Audi, on admettra que les lignes bénéficient d’un certain dynamisme avec quelques arêtes et galbes tendus bien positionnés ci et là. Ce constat se confirme davantage lorsque l’on observe la plus dynamique version Sportback qui n’est autre que la variante « coupé » de ce gros SUV. Comme ses concurrents, Audi a donc décidé d’exploiter la tendance de cette forme de carrosserie très en vogue qui profite à l’implantation des batteries (volume disponible) mais aussi aux marges financières qu’elle autorise. Toujours est-il que l’e-tron dispose d’un espace à bord appréciable avec un vaste habitacle, d’un coffre de belle contenance avec 660 litres et même d’un petit compartiment sous le capot avant pour y loger les câbles de recharge.
TECHNO… LOGIQUE ?
Lorsqu’on observe notre modèle d’essai, un détail saute aux yeux… ses rétroviseurs extérieurs ! Ceux-ci sont minuscules et pour cause, ils ont été remplacés par deux caméras ! Une première sur une voiture de grande série, sauf qu’il s’agit d’une option et que la toute nouvelle Honda e (électrique elle aussi) les propose en équipement standard. Pourtant, cette nouveauté inédite ne nous aura pas vraiment convaincu tant les caméras implantées dans les contreportes sont mal placées et leur taille trop réduite, surtout celle côté conducteur qui oblige à baisser les yeux. Bref, c’est déroutant, peu intuitif et, vu son prix de 1705€, mieux vaut placer ses deniers dans une autre option. L’habitacle traité dans le plus pur style Audi avec des lignes sobres, des matériaux de qualité et des ajustements parfaits dégage une ambiance de perfection mais aussi une certaine froideur, voire même de l’austérité et c’est dommage. Question high-tech les trois écrans digitaux (instruments de bord, interface multimédia, commande de climatisation et téléphonie) restituent parfaitement le côté technologique suggéré par la propulsion électrique. Leur utilisation se révèle pourtant peu pratique puisque les deux écrans centraux se pilotent exclusivement tactilement (la molette de contrôle sur la console centrale a disparu) alors que les boutons du volant permettent d’accéder aux menus des instruments baptisés « virtual cockpit ». Des choix radicaux qui entachent l’ergonomie en imposant de changer nos habitudes alors que d’autres marques conservent les doubles commandes tactiles et hardware… On épinglera aussi d’autres détails étonnants comme le levier de commande de la « boite de vitesse » typé aéronautique ou la console centrale qui se présente comme un trou béant présentant différents étages pour y ranger nos affaires (on se demande encore comment l’exploiter). Et de se dire qu’à vouloir faire trop futuriste (ou différent) on finit par y perdre son latin !
DOUCEUR DE CONDUITE
La conduite de la nouvelle e-tron est semblable à celle de ses récentes concurrentes électriques. On est bien installé et dorloté dans un cocon protecteur qui procure cette sensation de douceur, d’onctuosité et de silence propre aux véhicules électriques. Si le confort de roulage est excellent grâce à la suspension pilotée offerte en série, celui des sièges pourrait être meilleur si ses coussins étaient un peu plus moelleux et enveloppants. Conduire l’e-tron est très facile et agréable, il suffit de placer le sélecteur de vitesse sur « D » et se laisser porter par la force omniprésente de ses deux moteurs (un sur chaque essieu, ce qui en fait une Quattro) qui emmènent cette lourde caisse (2,5T) sans la moindre difficulté. Pour les alimenter, notre version « 55 Quattro » fait appel à une grosse batterie de 95 kWh placée au plus bas sous le plancher et entre les essieux pour une répartition des masses optimale. Notons qu’une variante « 50 Quattro » sera disponible prochainement avec une batterie de plus faible capacité (71 kWh) qui sera proposée 11.500€ moins cher mais dont l’autonomie théorique perdra +/- 80 km. En parlant d’autonomie, nous avons noté l’impact important de la météo qui peut lui faire perdre près de 40% en réduisant à moins de 300 km la distance parcourue par température négative. Heureusement la recharge des batteries peut se faire à 11 kWh (22 kWh en option) sur borne publique et qui constitue un avantage face à deux de ses concurrentes qui plafonnent à 7 kWh (Jaguar i-Pace et Mercedes EQC400). Cela est d’autant plus appréciable que l’e-tron propose en option deux prises de recharge (une de chaque côté de la voiture). Bien vu ! Bien entendu il est aussi possible de recharger en mode rapide « fast-charging » sur une borne HPC à courant continu qui pourra alimenter l’e-tron jusqu’à 150 kWh. En résumé cette première AUDI 100% électrique se présente comme un produit abouti avec toutes les qualités de la marque et celles des véhicules électriques mais aussi leurs inconvénients, à savoir un poids très élevé, une autonomie limitée pour les longs trajets et un prix prohibitif pour Monsieur Tout-le-monde. Affaire à suivre !
FICHE TECHNIQUE AUDI E-TRON 55 QUATTRO
Moteur électrique : 2 moteurs asynchrones (1 AV + 1 AR)
Puissance (ch./kW) : 408 / 300 (total des 2 moteurs en over-boost)
Couple (Nm@rpm) : 664
Boîte de vitesse : Automatique 1 rapport (pas de boite)
Entraînement : Intégrale
0-100 km/h (s) : 5,7
Vitesse Max (km/h) : 200
Consommation (kWh/100km) : 26,4-22,9 (annoncé) – 31,0 (observé)
Autonomie (km) : 355-411 (annoncé) – ± 300 (observé)
Emissions CO2 (g/km) : 0 (localement) – ±129 (selon mix énergétique au Luxembourg)
Poids (kg) : 2490 (DIN) / 2565 (UE)
Prix de base (EUR) : 80.280,00
Par Antonio Da Palma Ferramacho #luxgears.