
Impossible de dire du mal de Top Gun, même si on trouve que ce film est un amalgame de testostérone, de frime, de kitsch et de dialogues lourds, il fait partie des souvenirs de notre enfance. Pour ceux qui ont fantasmé devant les acrobaties de ces jets de l’US Navy, les pecs et les abdos de Tom Cruise ou la jupe fendue de Kelly McGillis, il est ancré dans nos mémoires.
On est surpris de se retrouver devant notre télé à chaque rediffusion, de reprendre les dialogues entre Tom Cruise et Val Kilmer, d’avoir des frissons quand la bande originale de Harold Faltermeyer vient couvrir le vrombissement du décollage des F-14 Tomcat ou de verser une larmichette quand Maverick perd Goose, son sympathique navigateur, à la suite d’une dramatique vrille à plat, due au souffle du réacteur de l’avion d’Iceman. De l’avis même de l’US Navy, après la sortie du film, le nombre de jeunes hommes souhaitant s’enrôler comme pilote augmenta de 500%. Un succès tel qu’après avoir vu le film, les spectateurs se disaient : « Waouh, je veux être un pilote ! ». S’attaquer à une suite de ce monument du patrimoine du cinéma est une gageure, tant il est difficile d’imaginer pouvoir rassembler les ingrédients qui ont fait de ce film ce qu’il est aujourd’hui.
TOP GUN 1986
Le réalisme. À l’époque, son réalisateur Tony Scott est le premier à avoir l’idée d’embarquer des caméras à bord des avions de chasse. Un défi technique qui a permis de restituer la réalité des chorégraphies incroyables des combats aériens. En comparaison, les scènes de vol du film Firefox, l’arme absolue (1982), ressemblent à un documentaire sur la migration des cigognes.
Le casting. Un plateau d’acteurs exceptionnellement virils, que ce soit les plaquettes de Tom Cruise ou les biceps de Val Kilmer qui ruissellent pendant le match de beach-volley qui les opposent, ou le climat torride qui règne dans les vestiaires des pilotes, chacune de ces scènes délivre un spectacle esthétique qui a fait rougir plus d’une ménagère. Côté féminin, Kelly McGillis renvoie l’image d’une belle femme autoritaire, impossible à conquérir, ce qui la rend terriblement sexy.
La bande originale. Signée par Harold Faltermeyer, et son fameux titre Top Gun Anthem qui provoque des montées de testostérone, et Giorgio Moroder qui écrit le single Take My Breath Away interprété par le groupe Berlin, Oscar de la meilleure chanson originale.
Et pourtant, rien ne présage le succès de ce film qui a amassé la bagatelle de 353 millions de dollars au box-office mondial. Le tournage a même été marqué par un drame, Art Scholl, spécialiste reconnu de la voltige aérienne, était chargé de tourner depuis son appareil plusieurs plans du film. Malheureusement, le pilote perdit le contrôle de son avion et se crasha dans l’océan Pacifique, au large de la côte californienne, lors d’une manœuvre en septembre 1985 alors qu’il filmait une vrille dos à plat pour les besoins du film. Au final, ni lui ni son appareil ne furent retrouvés et les causes de l’accident demeurent encore non élucidées aujourd’hui.
Le scénario écrit par la production tient sur un timbre-poste. L’histoire du quotidien des élèves pilotes de l’école de l’aéronavale de San Diego. Deux réalisateurs refusent le film, John Carpenter puis David Cronenberg. C’est finalement Tony Scott (le frère de Ridley), qui est retenu parce qu’il a réalisé une publicité montrant une voiture poursuivant un avion. Les acteurs n’étaient pas vraiment emballés. Tom Cruise, révélé par le film Risky Business, avait initialement refusé, notamment à cause du scénario mais aussi des scènes de vestiaires. Un chèque d’un million de dollars l’a fait changer d’avis. Quant à Val Kilmer, il a été obligé de tourner le film pour des raisons contractuelles. Sur le tournage, Tom Cruise reste solitaire et ses relations avec Kelly McGillis sont restées tout juste cordiales, les deux acteurs ne s’appréciant pas plus que ça. Cinq mois après la fin du tournage, ils retournent à contre cœur en plateau pour rejouer des scènes d’amour. Tony Scott a été viré trois fois. Il se disputait régulièrement avec les producteurs Don Simpson et Jerry Bruckheimer et à largement dépassé le budget, estimé à plus de 15 millions de dollars. Perfectionniste, il a par exemple fait déplacer un avion de place pour faire un plan devant un coucher de soleil, coût d’une telle opération : 25 000 dollars.
// Tony Scott a été viré trois fois. Il se disputait régulièrement avec les producteurs Don Simpson et Jerry Bruckheimer et à largement dépassé le budget, estimé à plus de 15 millions de dollars. //
Maverick
Le projet de donner une suite à Top Gun émerge dès 2010. Paramount propose le film à Jerry Bruckheimer et à Tony Scott. L’histoire doit évoquer la fin des pilotes de combats aériens, remplacés par des drones de combat. Dans le scénario, la participation de Tom Cruise est remise en cause. Tony Scott explique : « Ce monde me fascine, parce qu’il est si différent de ce qu’il était initialement. Mais je ne veux pas faire un remake. Je ne veux pas faire une réinvention. Je veux faire un nouveau film ». Mais le suicide de Tony Scott en août 2012 va remettre le projet en question. Jerry Bruckheimer souhaite le maintenir, notamment grâce à l’intérêt des acteurs Tom Cruise et Val Kilmer. En juin 2017, le titre du film est révélé, Top Gun : Maverick, ainsi que son réalisateur Joseph Kosinski. La présence de Val Kilmer est confirmée en juin 2018. Sa sortie initialement prévue en juillet 2019 est repoussée en 2020 pour améliorer les scènes aériennes et donner le temps à Tom Cruise d’apprendre à piloter un jet, mais, avec la crise du Covid, la date est à nouveau décalée. Dans cette suite, 30 ans après, Pete “Maverick” Mitchell continue à repousser ses limites en tant que pilote d’essai. Il est maintenant instructeur et a sous ses ordres le fils de son défunt ami, le navigateur Nick “Goose” Bradshaw. Maverick va devoir prouver que les pilotes de chasse ont encore leur place face aux drones de combat. Dans Maverick, Tom Cruise pilote réellement un avion. L’acteur a repoussé ses limites et n’a pas utilisé de doublure lors de ses scènes aériennes pour offrir à ses fans une expérience très immersive. « Pour produire ces sensations, il faut filmer en direct. Pour y arriver, on travaille avec les meilleurs pilotes de chasse », explique Tom Cruise.
1986
2021
« C’est une lettre d’amour à l’aviation. Vous allez être à la place d’un pilote Top Gun », confirme le producteur Jerry Bruckheimer.
« Un nouveau système nous permet de mettre six caméras IMAX dans le cockpit avec les acteurs », complète le réalisateur Joseph Kosinski. « Ça va être dingue d’être dans le cockpit, pour le public », conclut Jerry Bruckheimer.
De quoi nous rendre encore plus impatients de découvrir cette suite tant attendue.
