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Un bon scénario pour l’immobilier vu par Cenaro Group

Le Luxembourg et l'immobilier c'est une histoire d'amour, et ses acteurs prolifèrent. Il semblerait d’ailleurs que cette concentration soit un indicateur très positif “d’un marché dynamique et fluide”. C’est ce dont est convaincu Christophe Chevallier, Fondateur de Cenaro Group. Rencontre.

PREMIUM : Vous êtes le fondateur de Cenaro Group, pour commencer, pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours ?
Christophe Chevallier : J’ai un parcours alliant immobilier et finance. J’ai commencé par conseiller des investisseurs privés au sein de grandes banques telle que la Deutsche Bank et, rapidement, je me suis spécialisé dans l’immobilier comme solution d’investissement. C’est dans ce cadre qu’au sein de Nexity j’ai contribué au développement de « La Pierre Financière » et qu’au sein du Groupe Oceanis j’ai structuré des fonds immobiliers régulés. J’ai également aidé des sociétés immobilières à se développer, notamment grâce à la plateforme de crowfunding-crowlending Anaxago Immobilier, ou en faisant appel au marché en créant des véhicules de titrisation. Au plan entrepreneurial, en matière de promotion immobilière, je n’en suis pas à mon coup d’essai. En 2005, j’avais créé la société Hamo, une société de promotion spécialisée dans les logements pour personnes âgées en perte d’autonomie. Société que j’ai vendue en 2008. J’ai fondé Cenaro en 2018, fort de ces expériences accumulées et après avoir étudié et sondé le marché luxembourgeois pendant plusieurs années.

PREMIUM : Quand Cenaro Group a-t-il été lancé et comment vous en est venu l’idée ?
C. C. : Je me suis établi au Luxembourg en 2015. Et il n’a pas fallu longtemps pour que je me penche sur le marché immobilier du Grand-Duché, et plus précisément sur la promotion. J’ai été assez vite convaincu qu’il y avait une opportunité à saisir.
Avec mon associé Arnaud Emmenecker, nous avons réalisé une première opération à Berdorf, initiée en 2018, sur fonds propres. Je souhaitais en effet m’assurer in situ que mon intuition était juste. Le succès a été au rendez-vous. J’ai donc passé le cap et le développement à proprement parler a débuté en 2019 avec la création de Cenaro Capital, une société de titrisation émettant des obligations, permettant de financer les projets immobiliers de Cenaro. Depuis mars 2019, Cenaro Capital a permis le financement de 14 projets.
Mais vous avez raison d’évoquer la notion de « Groupe Cenaro ». Mon objectif est en effet de parvenir à disposer d’une structure intégrée permettant de gérer les projets de A à Z, de l’origination à la livraison. C’est ainsi que nous avons intégré une agence immobilière, HT Immobilier, dans le périmètre du groupe. En début d’année, en complément de Cenaro Capital, nous avons créé Ceninvest, une boutique d’investissement immobilier. L’année dernière, afin d’offrir un service d’aménagement intérieur à des prix très compétitifs à nos clients, Cenaro Design a vu le jour. D’autres filiales et stratégies suivront, mais il est encore trop tôt pour en parler.

PREMIUM : Cenaro s’est lancé sur un marché dans lequel on trouve déjà de nombreux acteurs. Qu’est-ce qui différencie Cenaro des autres promoteurs ? Pouvez-vous nous présenter le concept et sa position sur le marché ?
C. C. : Contrairement aux idées reçues, c’est justement quand la concurrence est forte qu’il faut s’intéresser à un marché. C’est un signal d’un marché dynamique et fluide. Malgré de nombreux acteurs, il y a suffisamment de projets et de place pour de nouveaux opérateurs.
Néanmoins, vous avez raison, nous avons des facteurs de différentiation. Nous nous focalisons sur la réalisation de projets permettant de respecter des cycles courts et d’être ainsi en mesure d’assurer un fine-tuning du marché. Nous achetons donc en priorité des projets autorisés avec un nombre de logements raisonnables pouvant être vendus au cours de la première année en intégralité. Nous nous focalisons donc sur des projets allant de 2 à 15 logements. Nous restons également opportunistes en proposant à la fois des maisons et des appartements.

PREMIUM : Votre société fonctionne donc de manière intégrée et autonome, et vous connaissez déjà un certain succès ; comment êtes-vous parvenu à ce résultat ?
C. C. : Je pense que les habitudes et l’absence de remise en question sont les ennemis de la croissance d’une entreprise. Je n’ai donc pas peur de dire que j’ai une approche darwinienne de l’entreprise et, donc, que je laisse une place importante à la concurrence ; mieux, je la crée et l’encourage. Par exemple, je sélectionne mes collaborateurs certes sur leurs compétences intrinsèques, mais aussi sur leur capacité à adopter une approche disruptive. Laissez-moi vous donner un exemple concret dans le périmètre du groupe : Ceninvest et Cenaro Capital sont complémentaires mais également concurrentes ; elles ont des mandats pour financer les mêmes projets et ce sans exclusivité. Je dois aussi souligner le rôle de notre directrice générale Hasnaa Tinouert. Elle a apporté son expérience et son dynamisme. L’agence HT immobilier a été et est un élément-clé dans la croissance du groupe.

PREMIUM : Comment percevez-vous ou ressentez-vous le marché du Grand-Duché ? Notamment actuellement.
C. C. : Je suis très confiant quant aux fondamentaux du marché luxembourgeois et ce pour plusieurs raisons. Le Luxembourg a une économie particulièrement forte (7ème économie la plus résiliente sur 130 selon le FM Global Resilience index) et j’ai même la conviction que le pays va sortir renforcé de la crise du Covid-19. L’État luxembourgeois a par ailleurs pris des mesures permettant de soutenir l’économie. Je pense qu’au Luxembourg, la courbe de la crise du Covid-19 sera une courbe en V avec une reprise rapide et un rattrapage à court terme. Je constate également que les banques du pays n’ont pas de mal à financer les projets immobiliers et qu’elles sont confiantes sur le marché. Surtout, j’ai l’intime conviction que le Luxembourg est et sera un pays attractif et que les flux migratoires positifs vont se poursuivre ; dans ces circonstances, le logement est la clé.

PREMIUM : Quelles sont vos perspectives, vos objectifs de développement ?
C. C. : Comme vous le comprenez, nous sommes ambitieux mais raisonnables. Nous comptons donc continuer à croître mais en ayant des fondations fortes.
Dans un premier temps, les fondations donc. Je me consacre, avec mes partenaires, à consolider le groupe pour qu’il soit intégré. Je souhaite aussi que le terme de synergie soit le maître mot de cette année 2020. Pour moi, la synergie c’est : 1 + 1 = 3. Pour moi, les synergies du groupe doivent être renforcées : Cenaro Capital ou Ceninvest doivent donner des priorités de commercialisation, Cenaro Design doit être une valeur ajoutée pour favoriser et aider à la vente des unités d’habitation… Je compte aussi rationaliser les process et je compte ainsi que la société lance sa demande de certification ISO.
Dans un second temps, ou en parallèle, nous allons mandater une cabinet de conseil afin d’ouvrir le capital à un investisseur institutionnel qui nous permettra de lancer un deuxième cycle de croissance. Vous n’avez pas fini d’entendre parler du Groupe Cenaro !

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